Emylie Bernard
Faire avec
Rougir, transpirer, trembler et respirer ardemment sont des symptômes les plus visibles et incontrôlables qui me rendent vulnérable. Mon anxiété est vectrice de créations performatives qui, elles, explorent la potentialité physique de la résistance. En me préparant physiquement et psychologiquement à la performance, je consolide de puissants repères qui me sont nécessaires afin d’affermir ma posture d’empowerment. Je me prête d’abord à des exercices de visualisation qui sont transposés sur papier par le dessin à l’encre et au crayon pour ensuite passer à la performance.
L’agentivité me permet d’incorporer, de faire avec l’anxiété. J’entends par agentivité une puissance d’agir, une perception du moi comme sujet efficient. L’endurance me permet de vivre cette anxiété et de l’excorporer : de l’accueillir, de la rendre performative. Mes performances agissent comme hygiène de vie, comme action émancipatrice, abaissant la frontière entre art et vie. Elles s’incarnent dans l’(in)action, la contemplation, la lenteur et la résilience.
Dans les moments d’angoisse élevée, je chante dans mon oreiller des chansons de pop féminine pour m’aider à me concentrer sur ma respiration. À bout de souffle, je détourne la cause de mes essoufflements. C’est un moyen de m’apaiser que j’ai adopté depuis plus d’une vingtaine d’années. J’ai décidé de me filmer lors de ces moments, principalement pour me révéler à travers un regard sur ma subjectivité agissante.
Ce qui m’intéresse particulièrement ce sont les méthodes de respiration propres à chacune des chanteuses. Sans vouloir imiter les diverses voix, je tente d’emprunter à ces chanteuses leurs respirations pour me dévier de la mienne qui est déficiente. Je ne cherche pas un talent ou une justesse, je ne cherche qu’à retrouver mon souffle à travers celui des autres.