Julie Cantin
Irréaliste et idéaliste, mon travail débute sous le mode de l’enquête, par la documentation d’objets, de corps ou d’occupations. Je décris en images la source de mes saisissements jusqu’à ce qu’un sens en émerge. En détournant par la suite les images, je peux laisser place à un glissement du sujet, vers une signification qui m’était au départ inconnue. Mes projets prennent souvent la forme de séries composées en vertu d’un fil narratif plus ou moins explicite. Ce qui se trouve dans l’ombre m’interpelle tout particulièrement. L’absence des femmes dans l’histoire avec un grand H, l’aliénation, le pouvoir et la vulnérabilité sont des thèmes qui reviennent dans mon travail. La fabrication de mes images s’accompagne d’un questionnement sur les effets des normalités sociales. Cela me permet de croire à un «faire autrement» qui tendrait vers davantage d’égalité et de diversité.
Au travail!
Premier fragment : la manucure
Dans le cadre de la maitrise, je m’intéresse à la représentation du corps féminin dans un contexte de travail. Ma quête a débuté dans un salon de manucure dont je ne suis jamais vraiment ressortie. La manucure a fait l’objet de différentes formes de documentation afin que je puisse bien cerner et sentir mon sujet. Cela m’a menée à une réflexion qui est en lien avec la stratification sociale et la survalorisation du rationnel. La proposition finale consistera en une histoire sociologique fictive racontée en peinture. Ce projet constitue une recherche de voix/voies alternatives. La manucure, bien que considérée superficielle par plusieurs, est porteuse de sens social. Elle en a beaucoup à dire sur la condition des femmes.